Fin de la guerre ! Fin de la guerre ? Reutlingen après 1945

DE

Introduction

Reutlingen pendant la guerre

Durant la cinquième année de guerre, en 1944, les difficultés se firent de plus en plus ressentir à Reutlingen. Beaucoup d’incertitudes pesaient sur la population: les conditions alimentaires aggravées, les difficultés d’approvisionnement en textiles et en combustibles, la pression croissante pour économiser et donner, le service obligatoire en hausse pour les femmes et les jeunes adultes, l’inquiétude pour les proches sur le front, le deuil pour les soldats tombés et les innombrables blessés dans les hôpitaux militaires de la ville ainsi que la peur des vols en rase-mottes et des bombardements. Les alarmes de raid aérien retentissaient de plus en plus souvent. Après que les premières bombes tombèrent sur Betzingen le 16 mars 1944 et en raison du bombardement dévastateur de Stuttgart en septembre 1944 – les lueurs de la ville en feu pouvaient également être vues à Reutlingen –, le danger se rapprochait dans l’esprit des gens. Les abris anti-aériens inadéquats furent renforcés à la hâte. De plus en plus de personnes évacuées des villes déjà bombardées furent relogées à Reutlingen.

Exercice de protection anti-aérienne, société Gminder. Photographe inconnu, 1940 (Heimatmuseum Reutlingen)

Production de masques à gaz, société Gebrüder Wendler GmbH. Photo Näher, 25 décembre 1944 (archives municipales de Reutlingen)

Production d’hydrofoils de la V1 (bombe volante), société Heim, Betzingen. Photo Näher, janvier 1945 (archives municipales de Reutlingen)

Brassard de la Croix Rouge allemande, 1943 (Heimatmuseum Reutlingen)

Certificat de donation, 1941 (Heimatmuseum Reutlingen)

Lettre de guerre, 1944 (Heimatmuseum Reutlingen)

Reutlingen pendant la guerre II

Au cours de l’année 1944, de plus en plus d’indices laissèrent penser que Reutlingen pourrait également être attaquée. Trois lourds raids aériens frappèrent la ville au cours des derniers mois de la guerre. Les 15 janvier, 22 février et 1er mars 1945, plus de 400 personnes périrent. Plus de 20 pour cent des bâtiments résidentiels et industriels furent détruits. La ville était à peine en mesure de venir en aide aux personnes bombardées. Surtout après la deuxième et la troisième attaques, l’aide provint des voisins, des parents et des amis.

Inhumation des morts du premier raid aérien sur Reutlingen au cimetière Unter den Linden. Photo Näher, 21 janvier 1945 (archives municipales de Reutlingen)

Gare de Reutlingen. Photo Dohm, avril 1945 (archives municipales de Reutlingen)

Site de la société Gminder, rue Bismarckstraße 15. Photo Dohm, printemps 1945 (archives municipales de Reutlingen)

Place du marché 3-9. Photo Dohm, printemps 1945 (archives municipales de Reutlingen)

Société Christian Wandel, rue Lederstraße. Photo Näher, janvier 1945 (archives municipales de Reutlingen)

Sur la place Nikolaiplatz. Photo Kleinfeldt, janvier 1945 (Heimatmuseum Reutlingen)

Dossier de la mairie avec des traces de brûlure, 1945 (archives municipales de Reutlingen)

Carte postale avec signe de vie après le raid aérien, 1945 (Heimatmuseum Reutlingen)

Pompe extincteur, années 1940(Heimatmuseum Reutlingen)

Le 20 avril 1945

En avril 1945, les troupes alliées se rapprochèrent chaque jour davantage de Reutlingen. La situation de l’information était de plus en plus chaotique. La propagande nazie appelait à la persévérance. En dernier recours, la milice populaire Volkssturm fut fondée et des corps francs de Werwolf furent formés. Dans le même temps, les femmes, les enfants et les personnes âgées furent priés de quitter la ville. De nombreux citoyens de Reutlingen enterrèrent des objets de valeur.

Peu avant l’entrée des troupes françaises le 20 avril, l’ordre public était paralysé. Le point culminant fut le pillage du bureau des provisions dans la matinée. Sur ordre du parti nazi, des bâtiments tels que le bureau des télécommunications et des ponts furent endommagés. Dans l’après-midi, Reutlingen fut occupée. L’entrée ne se fit pas sans heurts. Surtout la nuit suivante, pendant laquelle des fusillades firent des victimes des deux côtés.

Dès 1940, un groupe de conspirateurs de Reutlingen élabora des plans pour la fin de la guerre. Il s’agissait notamment d’empêcher, si possible, la défense de la ville, qui était devenue inutile. Le politicien du parti socialiste SPD Oskar Kalbfell de Betzingen alla à la rencontre des Français avec un drapeau blanc. Cette reddition de la ville au péril de sa vie établit sa grande réputation au sein de la population pendant des décennies.

Durant les premières semaines, des échauffourées eurent lieu entre des soldats français et d’anciens travailleurs forcés – tels que des viols, des pillages et des émeutes. La situation tendue se refléta également dans la fusillade, le 24 avril, de quatre hommes provenant de Reutlingen. Les Français vengèrent ainsi la mort d’un soldat qui aurait été abattu par des Allemands. La question de savoir si Oskar Kalbfell a personnellement nommé les quatre otages occupa la ville pendant de nombreuses années.

Croix funéraires pour les otages fusillés au Schöner Weg. Photo Näher, années 50 (archives municipales de Reutlingen)

Pont ferroviaire enjambant la rue Hohenzollernstraße. Photo Dohm, 1945 (archives municipales de Reutlingen)

Adlerblock et église Nikolaikirche. Photo Dohm, 1946 (archives municipales de Reutlingen)

Boîte à cigares avec des restes de munitions, 1945 (Heimatmuseum Reutlingen)

Foulard fabriqué avec la partie centrale d’un drapeau à croix gammée, 1945 (Heimatmuseum Reutlingen)

Fin de la guerre ! Fin de la guerre ?

Pour l’histoire locale, l’entrée des troupes françaises dans Reutlingen le 20 avril mit fin à la Seconde Guerre mondiale. Pour l’histoire contemporaine, la guerre se termina officiellement avec la capitulation inconditionnelle de l’Allemagne le 8 mai. Mais pourrait-il y avoir une « fin » à cet événement décisif ? Le mythe de « l’heure zéro » l’a longtemps suggéré. La question se pose de savoir quand la Seconde Guerre mondiale s’est vraiment « terminée » pour la population et la société. Cette réflexion est au centre de la partie suivante de l’exposition.
De manière générale, une grande incertitude régnait. C’était - et pas seulement à Reutlingen - une vie en état d’urgence, qui connaissait de nombreuses émotions en même temps : espoir, tristesse, joie, désespoir, confiance et résignation. Outre la stabilisation générale des conditions politiques et économiques, la population de Reutlingen a connu une période d’après-guerre très individuelle, selon que l’on était un homme, une femme ou un enfant à la fin de la guerre, que l’on avait été un partisan convaincu du régime nazi ou que l’on avait pris ses distances, que l’on avait été prisonnier ou réfugié, que sa maison avait été bombardée ou que son entreprise avait bien marché pendant la guerre.

Politique et administration

Oskar Kalbfell fut nommé maire provisoire le soir de l’invasion. Le lendemain, il présenta ses plus proches collaborateurs aux occupants : Georg Allmendinger et Carl Haid, deux administrateurs de haut rang de l’ère nazie, le social-démocrate Otto Künzel, le communiste Fritz Wandel et l’industriel Hans Kern. Avant la fin de la guerre, les hommes avaient déjà prévu des mesures pour une administration d’après-guerre. Ils façonnèrent la vie politique en fonction des directives du gouvernement militaire et avec habileté diplomatique. Les commandants directs étaient le capitaine Jean-Hervé Cosléou, commandant des troupes françaises à Reutlingen, Jean-Pierre Masson, chef de la police militaire et Charles Chéry, chef du gouvernement militaire français à Tübingen.
Lors de la première élection libre du maire et du conseil municipal, le 15 septembre 1946, Kalbfell obtint 72 % des voix. Le parti le plus fort dans le nouveau conseil municipal de Reutlingen fut le SPD avec 14 sièges, suivi par le DVP avec huit sièges. La CDU, le FWV et le KPD entrèrent également au conseil.
À la fin de la guerre, les dirigeants nationaux-socialistes s’enfuirent pour éviter d’être capturés. La puissance occupante commença à purger la société des idées national-socialistes : la dénazification. Sous la direction d’Otto Künzel, le secrétariat d’État de la zone française à Tübingen élabora, en 1946, le « modèle de dénazification du sud du Wurtemberg ». Le travail de mémoire et de réhabilitation ainsi que la sanction furent traités comme un problème politique plutôt que juridique.

Quartier de Vernejoul, ancienne caserne Hindenburgkaserne. Photo Dohm, fin des années 1940 (Heimatmuseum Reutlingen)

Capitaine de corvette Jean Hervé Cosléou. Photo Dohm, années 40 (archives municipales de Reutlingen)

Otto Künzel, Fritz Wandel, Hans Kern et Oskar Kalbfell (de gauche à droite) à la mairie rue Alteburgstraße. Photo Dohm, vers 1945 (archives municipales de Reutlingen)

Oskar Kalbfell et le conseil municipal nouvellement élu. Photo Dohm, 24 septembre 1946 (archives municipales de Reutlingen)

Oskar Kalbfell discutant avec des citoyens. Photo Dohm, octobre 1946 (archives municipales de Reutlingen)

Pièce d’identité, 1946 (Heimatmuseum Reutlingen)

Bulletins de vote pour les élections municipales du 1946

Bulletin de vote du parti communiste

Bulletin de vote de l’association d’électeurs libre et non partisane

Bulletin de vote du parti populaire démocratique

Bulletin de vote de l’union démocratique chrétienne (CDU)

Bulletin de vote du parti social-démocrate (SPD)

Privations au quotidien I

Les conséquences de la guerre se reflétèrent dans le recensement de mai 1945 : beaucoup plus de femmes (19 778) que d’hommes (11 652) vivaient à Reutlingen. Ce furent surtout les hommes en âge de travailler qui manquaient. Ils n’avaient pas survécu à la guerre, étaient considérés comme disparus au combat ou avaient été faits prisonniers. De nombreuses familles durent attendre longtemps le moindre signe de vie de leurs proches. Pour les soldats de retour au pays, il ne fut pas facile de reconstruire une nouvelle vie quotidienne, car les blessures physiques et psychologiques persistèrent.
L’infrastructure fut comme paralysée après l’invasion française : le bureau du télégraphe et des télécommunications était en cendres, l’alimentation électrique fonctionnait tant bien que mal. En raison d’une pénurie de charbon, la ville connut de nombreuses coupures de courant jusqu’en février 1948. Les rues furent en grande partie débarrassées des décombres en mai 1945, de sorte que les tramways purent, dans une certaine mesure, reprendre du service. La réparation des lignes ferroviaires détruites fut essentielle avant l’arrivée de l’hiver pour l’approvisionnement de la ville en charbon et en nourriture. En octobre 1945, l’école rouvrit ses portes. Toutefois, en raison du manque de chauffage, les cours ne furent dispensés que dans trois écoles durant l’hiver 1945/46.

Retour de Russie des prisonniers de guerre, place Alteburgplatz. Photo Dohm, octobre 1953 (archives municipales de Reutlingen)

Banderole du journal Reutlinger Generalanzeiger. Photo Dohm, 1949 (archives municipales de Reutlingen)

Travaux de réparation de l’éclairage public au pont Pfennigbrücke. Photo Dohm, années 1940 (archives municipales de Reutlingen)

Place du marché animée. Photo Näher, mai 1948 (archives municipales de Reutlingen)

Décorations d’arbre de Noël, 1945 (Heimatmuseum Reutlingen)

Bougies à la mémoire des prisonniers de guerre, vers 1950 (Heimatmuseum Reutlingen)

Fauteuil roulant pour mutilés de guerres, fin des années 1940 (Heimatmuseum Reutlingen)

Dessin « Russlandheimkehrer » (prisonniers de guerre allemands rentrant de Russie). Irene Widmann, vers 1947 (Heimatmuseum Reutlingen)

Privations au quotidien II

À la fin de la guerre, il manquait de tout au quotidien, en particulier de nourriture, de vêtements et de logements. Par rapport aux autres puissances occupantes, la population de la zone française reçut des rations alimentaires nettement inférieures. En effet, la France, économiquement affaiblie, devait subvenir à ses besoins à partir de sa zone. La population fut également contrainte de payer pour l’entretien des soldats d’occupation. En outre, la réquisition de logements pour le gouvernement militaire aggrava la situation déjà tendue sur le marché du logement, car de nombreuses maisons furent détruites ou inhabitables.
L’administration réagit par diverses mesures. En mai et juillet 1945, Oskar Kalbfell mit en place la campagne Reutlinger Spende, qui permit grâce aux dons de fournir des meubles, des articles ménagers et des prothèses aux personnes touchées par la guerre. À partir du 1er avril 1946, une cuisine populaire offrit aux personnes démunies un repas à moindre coût. À partir de 1950, la situation s’améliora progressivement ; le rationnement alimentaire prit par exemple fin le 30 mars 1950.

Déjeuner scolaire. Photo Dohm, mai 1949 (archives municipales de Reutlingen)

File d’attente devant une épicerie dans la rue Wilhelmstraße. Photo Näher, 1948 (archives municipales de Reutlingen)

Vitrine de la société Krimmel pour le service d’échange local. Photo Dohm, avril 1947 (archives municipales de Reutlingen)

Attestation de don pour la campagne « Reutlinger Spende », 1945 (Heimatmuseum Reutlingen)

Meubles dits d’aviateur provenant de la campagne « Reutlinger Spende »

Tickets de rationnement, 1946-1950 (Heimatmuseum Reutlingen)

Colis de ravitaillement et son contenu, 1945-1947 (Heimatmuseum Reutlingen)

Victimes du national-socialisme

Pendant la guerre, plus de 4 000 « travailleurs étrangers » d’Europe occidentale et orientale durent travailler à Reutlingen. Logés dans 23 camps de baraques dans la ville, ces travailleurs forcés accueillirent le 20 avril 1945 comme le jour de leur libération. Pour certains d’entre eux, le rapatriement dans leur pays d’origine s’avéra difficile pour des raisons politiques. En septembre 1945, plus de 1 500 anciens travailleurs forcés se trouvaient encore dans le district de Reutlingen.
Ce sont surtout les personnes de confession juive ainsi que les Sinti et les Roms qui furent victimes du régime de terreur. Au moins 30 Juifs et Sinti de Reutlingen furent assassinés dans des camps de concentration. Les dissidents politiques, les « asociaux » et les « inférieurs » furent également stigmatisés et emprisonnés. En tant que survivant des camps de concentration, Fritz Wandel, un communiste de Reutlingen, rendit compte de ses horribles expériences dans des conférences et des publications. Ces témoignages permirent de faire prendre conscience à la population de l’ampleur de la tyrannie.
Après la guerre, environ 12 millions de réfugiés et de personnes déplacées d’Europe du Sud-Est et de l’Est cherchèrent une nouvelle attache. Le gouvernement militaire français, dans son propre intérêt, empêcha la prise en charge de groupes plus importants de personnes déplacées dans sa zone. Jusqu’en janvier 1949, Reutlingen accueillit environ 2 000 soi-disant réfugiés. En 1961, leur nombre passa à près de 19 000.

La famille juive Maier (Adolf et Babette avec leur fille Hannelore), vers 1928 (archives municipales de Reutlingen)

Ruban de couronne, 1989 (Heimatmuseum Reutlingen)

Affiche de la Commémoration des victimes du fascisme dans le canton de Reutlingen, 1946 (archives municipales de Reutlingen)

Livre « Un passage par l'enfer. Dachau - comme il était vraiment » par Fritz Wandel, 1945 (archives municipales de Reutlingen)

Boule contenant de la terre natale de Świdnica, Silésie, 1945 (Heimatmuseum Reutlingen)

Physionomie de la ville et construction de logements

En 1945, la tâche la plus urgent fut le déblaiement des décombres. Jusqu’en février 1946, des campagnes de nettoyage furent organisées avec des particuliers, des employés d’entreprises de Reutlingen et des détenus du camp de prisonniers politiques. Plus tard, la ville engagea en outre deux entreprises spéciales. Le déblaiement des décombres n’a pu être achevé qu’en mars 1949.
Les premiers plans de reconstruction de la ville furent prévus dès l’automne 1945. Des espaces urbains modernes et représentatifs devaient être créés, en particulier dans les zones fortement détruites autour du Karlsplatz et de la gare. Les plans durent être modifiés à plusieurs reprises jusqu’en 1949 en raison de la pression exercée par les propriétaires concernés, le gouvernement du Land de Tübingen et les services ferroviaires et postaux.
Jusqu’à la réforme monétaire, la construction de nouveaux appartements ne put avoir lieu qu’à petite échelle. À l’occasion du salon professionnel « Bauen und Wohnen » (Bâtir et habiter), des maisons témoin comprenant 145 unités d’habitation furent construites pour la première fois selon la devise « Attrayant, fonctionnel et économique ». Au départ, les logements sociaux furent fournis par la Kreisbaugenossenschaft (coopérative de construction du district), et en 1950/1951, la Gemeinnützige Wohnungsgesellschaft Reutlingen (GWG) fut fondée. De 1948 à 1953, 2 313 nouveaux appartements furent construits à Reutlingen.

Déblaiement des décombres sur le site de la société Gminder. Photo Näher, 1947 (archives municipales de Reutlingen)

Sommation de déblaiement des décombres, 1947 (Heimatmuseum Reutlingen)

Carrefour des rues Karlstraße, Liststraße et Bismarckstraße. Photo Dohm, vers 1951 (Heimatmuseum Reutlingen)

Rue Wilhelmstraße 81-89. Photo Dohm, 1947 (archives municipales de Reutlingen)

Maison témoin pour l’exposition « Bauen und Wohnen » (Construire et habiter). Photo Dohm, 1949 (Heimatmuseum Reutlingen)

Brochure pour l’exposition « Bauen und Wohnen » (Construire et habiter), 1949 (Heimatmuseum Reutlingen)

Lotissement Eberhard Wildermuth (ECA-Siedlung), Betzingen. Photo Näher, 1953 (archives municipales de Reutlingen)

La mairie après reconstruction. Photo Dohm, 1963-1965 (Heimatmuseum Reutlingen)

Économie et commerce

Sous l’occupation allemande de la France à partir de 1940, l’économie française avait gravement souffert. Durant la période d’après-guerre, l’objectif politique de la France fut donc de reconstruire sa propre économie grâce aux compensations provenant de ses zones d’occupation.
Dans les jours qui suivirent l’entrée des troupes françaises, des pillages et des réquisitions sauvages eurent lieu dans des entreprises de Reutlingen. En 1947, l’administration militaire publia une liste de démantèlement pour l’ensemble de la zone française, sur laquelle figuraient de grandes entreprises de Reutlingen du secteur de la métallurgie, telles que Burkhardt & Weber, Gustav Wagner et Wafios. Toutefois, ces plans ne furent jamais mis à exécution car les autres puissances d’occupation occidentales empêchèrent la désindustrialisation poussée de l’Allemagne.
La dévaluation du Reichsmark et la baisse du pouvoir d’achat en résultant furent un problème majeur. De nombreux magasins n’offraient que quelques produits dans les premières années d’après-guerre. Pour aider à relancer le marché, une réforme monétaire eut lieu en 1948 et le deutschemark fut introduit. Le marché s’est effectivement redressé. Cela s’est rapidement manifesté par des étagères pleines à craquer et des vitrines magnifiquement décorées. De grandes foires commerciales furent également organisées à Reutlingen.

Ruine Firma Wafios, Silberburgstraße 5. Foto Dohm, 1945 (Heimatmuseum Reutlingen)

Visite du général Widmer dans l’usine de bobines Emil Adolff. Photo Dohm, 24 septembre 1946 (archives municipales de Reutlingen)

Réforme monétaire. Photo Dohm, 20 juillet 1948 (Heimatmuseum Reutlingen)

Salon des marchandises étrangères, exposition de vêtements pour enfants. Photo Näher, 1949 (archives municipales de Reutlingen)

Monnaie de transition, 1947 (Heimatmuseum Reutlingen)

Société de pull-overs sans manches Gustav Bild, 1946 (Heimatmuseum Reutlingen)

Société de deux-roues Walba, 1949/1950 (Heimatmuseum Reutlingen)

Culture, temps libre et sport

Pour le gouvernement français, la culture occupait une place centrale dans la politique d’occupation. La population devait être démocratisée par des activités culturelles. Tandis que tous les événements devaient être approuvés à l’avance par les autorités françaises, ces dernières se montrèrent généreuses en matière culturelle.
À partir de l’été 1945, Reutlingen devint le centre culturel de la zone française. Les lieux de spectacle encore debout offrirent des possibilités de représentation pour une grande variété de genres. Des films, des concerts et des représentations théâtrales attirèrent des foules de visiteurs. L’intérêt pour les divertissements légers prédominait.
Deux nouvelles fondations révolutionnaires furent créées dans l’immédiat après-guerre. Le 20 octobre 1945, le théâtre Städtisches Reutlinger-Tübinger Schauspielhaus fut fondé et rebaptisé Städtetheater Tübingen-Reutlingen en 1947. En juillet 1946, le Städtisches Symphonieorchester Reutlingen, alors orchestre municipal de Reutlingen, fut fondé sous la direction du chef d’orchestre Hans Grischkat. Jusqu’en 1952, il fut le seul orchestre professionnel du Land de Württemberg-Hohenzollern.
Les manifestations sportives furent également très fréquentées dans la période d’après-guerre. Le 15 avril 1946, les autorités d’occupation approuvèrent la création de clubs sportifs, à condition qu’ils restent politiquement et religieusement neutres. Après la réforme monétaire, l’intérêt pour les activités culturelles diminua sensiblement, tandis que l’affluence vers d’autres activités de loisirs resta ininterrompue.

Affiche « Anna Susanna », théâtre de verdure de Reutlingen, 1947 (Heimatmuseum Reutlingen)

Place du marché après destruction. Walter Ast, vers 1946 (Heimatmuseum Reutlingen)

Maillot du club sportif SSV Reutlingen, 1946 (Heimatmuseum Reutlingen)

Reutlingen après 1945

À Reutlingen, les crimes des nationaux-socialistes et de la Seconde Guerre mondiale sont commémorés de différentes manières. Le Volkstrauertag (jour de deuil national), qui est célébré uniformément dans toute l’Allemagne depuis 1952, compte parmi les journées publiques de commémoration et a lieu au cimetière Unter den Linden. Depuis 1988, le début de la persécution publique des citoyens juifs est commémoré chaque année le 9 novembre par un service religieux dans l’église Marienkirche, suivi d’une chaîne de lumières jusqu’à la plaque commémorative dans la rue Spendhausstraße. La journée de commémoration des victimes de l’Holocauste, le 27 janvier, est une journée de commémoration légalement établie dans tout le pays depuis 1996. En outre, en 1995, le Heimatmuseum et les archives municipales ont créé l’exposition « Reutlingen 1930-1950. Nationalsozialismus und Nachkriegszeit » pour marquer le 50e anniversaire de la fin de la guerre. En 2005, le livre « Es gab Juden in Reutlingen. Geschichte, Erinnerungen, Schicksale. » est paru. En outre, de nombreux lieux de mémoire installés en permanence dans l’espace public commémorent le sort des persécutés et des victimes du national-socialisme, des personnes déplacées et de toutes les victimes de la guerre. Avec l’application (en allemand) « Orte der NS-Zeit Reutlingen » (Lieux de l’époque nationale-socialiste à Reutlingen), il existe également un projet commun entre les écoles de Reutlingen et les archives municipales, qui vise à rendre les lieux de la tyrannie nationale-socialiste visibles et tangibles.
Les forces armées françaises quittèrent Reutlingen peu après la réunification : d’abord en tant que force d’occupation jusqu’à la souveraineté de la RFA en 1955, puis en tant que forces alliées de l’OTAN. L’armée française fut contrainte de louer des casernes et des terrains à la RFA pour continuer à utiliser le terrain d’entraînement à partir de 1958. Après la réunification en 1990, la France retira ses troupes jusqu’en 1992. En 1996, la ville racheta les anciennes propriétés militaires au gouvernement fédéral pour 31 millions de D-Mark. De nouvelles possibilités de développement urbain apparurent.
Même si l’armée française n’est plus sur place, le lien unissant Reutlingen à la France perdure. Depuis 1958, il existe un jumelage avec la ville de Roanne. Fondé en 1961, le club franco-allemand a fusionné en 1975 avec la Société franco-allemande de Reutlingen. L’association à but non lucratif s’investit dans les relations amicales avec la France et l’intégration européenne.
Les lieux indiqués sur les cartes sont expliqués plus en détail dans l’exposition.

Lieux de mémoire de l’époque du national-socialisme à Reutlingen. Les différents lieux sont expliqués dans l’exposition.

Lieux de mémoire de l’occupation française à Reutlingen. Les différents lieux sont expliqués dans l’exposition.